Dans
son nouvel opus « Dites amen », le rappeur congolais Radek suprême a
dénoncé l’arnaque qu’exercent les pasteurs des églises de réveil qui, selon
lui, immergent le peuple congolais dans le sommeil et un aveuglement profond.
Interviewé en exclusivité par Cleas Nlemvo.
Alors, votre chanson « Dites
amen » fait le buzz ce dernier temps, pourriez vous me dire : Quand
est ce que cette chanson est apparue ?
-
C’est un titre
tiré de mon album « Ennemi Public Numéro 1 », le troisième extrait de
mon album pour être clair. Après avoir sortie le 1er extrait
« Grave » qui fustigeait les musiciens qui se comportent en voyous
dans la dépravation des mœurs, puis le second « Ezo Sila Te » qui
parle du chômage et de la misère du congo. « Dites amen » est sorti
il y a à peine un mois.
Qu’est ce qui vous a beaucoup
plus incité à écrire cette
chanson ?
-
Je remplis mon rôle
d’artiste engagé, dire tout haut ce qui se dit tout bas. Nous devons
reconnaître qu’aujourd’hui les églises qu’on a tant cru de ‘réveil’ se sont
transformés en église de sommeil, les fidèles sont aliénés, aveuglés par ces
faux pasteurs que je qualifie de ‘Gourous’. Les églises, ces boutiques qui cachent leurs noms, avec à leurs têtes des
pasteurs ‘Kuluna’, se sont versés dans pas mal d’abus et antivaleurs. J’ai du
mal à cautionner ce système de Royaume qu’on a instauré et dans lequel seul le
fils du pasteur est habilité à succéder au ‘trône’ de son père, et le sort réservé
à tous ces anciens et diacres qui ont bataillé des années, de chœur avec le
pasteur pour élever l’édifice, c’est la touche. La vente des indulgences, par
là je parle du phénomène des dîmes et bénédictions taillées sur mesure : à
100$, à 1000$, à 10.000$, et je ne vous parles pas des offrandes spéciales qui
n’est pas de Dieu et que nous disons que c’est une arnaque pure et simple. Ils
(les pasteurs) ne pensent même pas à évangéliser le fin fond de nos contrées et
villages puisqu’il n y a rien de rentable, tous ce les intéresse c’est l’Europe,
l’Amérique, etc. Trop des cultes, retraites et séminaires, c’est une forme de
prise en otage qui empêche quelqu’un de vaquer à d’autres occupations beaucoup
plus responsables. Les problèmes sont nombreux, ceux-ci ne font partie que de
la pointe de l’iceberg.
Donc si je comprend bien, vous n’étés
que contre la prolifération des églises de réveil, pas contre d’autres
religions comme le catholicisme, l’islam et tant autre ?
-
Ne faisons pas
l’amalgame, nous ne disons pas que prier est mauvais, nous nous insurgeons
contre cette prolifération grotesque qui a drainé avec elle tout ce cortège de
malheur.
D’après différentes sources, vous étiez
victime d’une menace de mort après avoir clashé sur les musiciens ‘voyous’ dans
« Grave », alors ne craignez vous pas une nouvelle menace des représailles
à cause de « Dites amen » ?
-
Ce qui m’effraie
ce n’est pas la méchanceté des méchants mais plutôt le silence des hommes honnêtes
et intègres qui laissent le mal prendre le dessus sur le bien. La peur nous
trahit trop souvent et dresse le lit pour
le mal, le jour ou le congolais surmontera sa peur, c’est ce jour là
qu’on verra naître un Congo nouveau.
Que direz vous de ceux qui jugent
christianophobe et blasphématoire le contenu de « Dites amen » ?
-
Pour qu’il existe
le bien, il faut qu’il y ait le mal, c’est contre ce mal là qu’on va en
croisade. Au regard de tout ces maux qui gangrènent la société, gardez silence
est synonyme de complicité. Il faut être hypocrite ou aliéné pour raisonner de
la sorte. Je suis tolérant, je respecte toutes les tendances religieuses mais
j’ai horreur des abus et excès au nom de la religion. Sauver les enfants de
Dieu ou les laisser en pâture de ces pasteurs prédateurs. En tout cas, ces
pasteurs ‘voyous’ n’auront plus à se cacher derrière leurs fameux évangiles :
‘Ne jugez point, afin que vous ne soyez pas jugé’ car je le combattrais énergiquement.
Pourriez- vous souligner en
quelques mots le message-clef que vous avez transmis dans « Dites
amen » ?
-
Le retour à la
parole, en tout cas à la vraie parole telle qu’elle est dans la bible. Les écritures
sont très claires mais les prédateurs arrangent et les interprètent à leurs
fins cupides. Je n’ai rien contre les églises mais mon combat est celui de
tirer les enfants de Dieu de ce sommeil et aveuglement dans les quels ils sont
plongés. Libérer spirituellement les ouailles, les fidèles pris en otages par ces
‘gourous’ des pasteurs. Contrairement à ce mensonge qu’on nous laisse gober, le
salut c’est dans la prière, j’aimerais dire aux congolais qu’aucune nation dans
ce monde ne s’est développée sans le travail, plus nous travaillons plus nous bâtissons
le congo. Prier c’est bien mais travailler c’est beaucoup mieux puisque le
temps de la manne est révolu.
Quel est votre dernier mot à adresser
à ton public ?
-
Le combat continu !
Merci beaucoup de nous avoir
accordé cette interview.
-
C’est moi qui vous
remercie !
Propos recueillis par Cleas
Nlemvo.
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