Une foule se réunit prés d’un pont
qui enjambe un caniveau mal entretenu. Tous les regards de ces gens, qui se
sont rassemblés, convergent sur le bas de ce pont, les uns, les mains sur la tête
et les autres se parlent entre eux avec un air bizarre. Signe d’horreur !
Le matin du 20 janvier 2013, les
habitants du quartier Mombele dans la commune de Limete commencent paisiblement
la journée comme d’habitude quand tout à coup une découverte macabre les
bouleverse. Un tireur de chariot qui ramassait des immondices jetées sous le
pont qui traverse un grand caniveau découvre dans un sac-poubelle le cadavre
d’un bébé étranglé et jeté sous le pont par un inconnu. Selon les enquêtes menées
par la police, le bébé n’aurait que 6 jours d’existence et que l’infanticide
serait sans doute sa maman qui l’aurait étouffé juste après sa sortie de
l’hôpital. La population de ce quartier témoigne que ce n’est pas une tragédie originale
car déjà l’année passée il y a eu découverte des plusieurs fœtus dans des
caniveaux et que les auteurs de cette atrocité restent inconnus.
Ces témoignages prouvent de manière
impérative que l’avortement clandestin devient une pratique courante pour les
jeunes filles congolaises, un phénomène qui connaît une ampleur inédite dans la
république démocratique du congo. Particulièrement dans la ville de Kinshasa où
on peu enregistrer plus de 12 cas d’avortement clandestin dans une année,
pourtant la loi congolaise prohibe cette pratique sur l’ensemble du territoire
national. Le droit pénal sanctionne sévèrement tout avortement provoqué sur
sois même ou par autrui. Ceci ressort aux articles 165 et 166 du code pénal
congolais qui réprime de 5 à 10 ans de servitude pénale un avortement sur
soi-même, et de 5 à 15 ans celui par autrui, nous explique un Avocat. En dépit
de cette lourde punition, cette pratique continue de prospérer comme si elle
était entrain de jouir d’une impunité absolue. Jamais une pratique aussi
barbare n’a connu une telle extension depuis que le Congo a été Congo.
Les aventures amoureuses de
courte durée seraient un des piliers qui assurent l’accroissement des
avortements clandestins chez les jeunes filles. Ces dernières années, le flirt
est devenu un divertissement fort prisé dans de nombreux pays. Cette pratique
est maintenant monnaie courante chez de tout jeunes adolescents. Autour des
écoles ou des universités, on les voit fréquemment se tenir par la main,
s’embrasser ou aller même plus loin, c'est-à-dire, à avoir des relations
sexuelles illicites sans tenir compte des risques qui y guettent. Mais comment
le flirt pourrait favoriser l’augmentation des avortements clandestins ?
En général, quand deux jeunes
gens sortent ensemble, ils se tiennent par la main et s’embrassent, quand cela
ne va pas plus loin. Au début, ils se contentent de se tenir par la main, car
ce simple contact leur procure une certaine émotion. Mais au bout de quelque
temps, l’effet n’est plus le même; ils n’éprouvent plus la même émotion. Alors
ils ont envie d’autre chose, peut-être de s’embrasser. Mais à la longue les
baisers aussi deviennent quelque chose de banal et perdent de leur saveur.
Alors ils auront envie d’essayer une autre expérience qui serait sans doute le
contact sexuel or dans ces relations sexuelles hors mariage, L’éventualité
d’une grossesse illégitime serait prise en considération. Une fois que la fille
est rendue enceinte, c’est le pire cauchemar qui commence pour elle, car de
nombreux parents en république démocratique du Congo ont encore du mal à
accepter de voir leur filles enceintes avant le mariage même si celles-ci ne
sont plus mineurs autrement dit si elles ont atteint l’âge de la majorité. Surtout
dans la ville de Kinshasa, généralement quand les parents apprennent que leur
fille est enceinte, cette dernière est à coup sûr expulsée du toit parental par
ces parents pour aller rejoindre l’auteur de cette grossesse afin de commencer
leur nouvelle famille.
Mais c’est toujours déplorable
pour la jeune fille enceinte, puisque dans la plupart de cas, le responsable de
cette grossesse parvient à disconvenir formellement que ce soit lui qui en est
l’auteur et rejette à son tour la fille qu’il a engrossée. De ce fait, Beaucoup
des jeunes filles recourent à l’avortement pour mettre un terme à leur
dépression, malgré les dangers qu’il comporte et les troubles affectifs qui en
résultent. « Lorsque je suis tombée
enceinte, je n’ai pas eu le courage d’en parler à mes parents car ils devraient
seulement me chasser de la maison et ou me tuer. J’ai décidé de me taire. En
même temps, le garçon responsable de ma grossesse ne voulait pas croire que
c'était lui le vrai responsable. Je me suis alors retrouvé entre deux mondes
car je ne pouvais rien dire à mes parents et en même temps je n’avais nulle
part où aller. C’est ainsi que j’ai décidé d’avorter, mais en même temps aussi
je ne pouvais pas aller à l’hôpital car l’avortement n’est pas autorisé dans
notre pays et donc les médecins ne pouvaient pas accepter de le faire. Je suis
donc partie voir un médecin qui a fait la procédure dans la clandestinité loin
de mon quartier » Avoue une jeune fille de 21 ans.
N’oublions pas que les fœtus ne
sont pas les seuls victimes que faites cette pratique, puisque lors de
l’avortement clandestin, généralement c’est la vie de la jeune fille qui est
mise en danger car une minuscule erreur lui serait impérativement fatale. Selon
une source fiable, plus de 300.000 filles et femmes en Afrique meurent en
silence chaque année suite aux avortements clandestins qui se déroulent souvent
dans des conditions dramatiques. En effet, beaucoup des filles qui ont aussi tenté
d’avorter ont, de façon indiscutable, perdu la vie. « L’année dernière, une jeune fille d’une vingtaine d’année est morte de
suite d’un avortement qu’elle a provoqué elle-même. Elle est arrivée à
l’hôpital dans un très mauvais état. On a tous fait pour l’aider à survivre mais
elle a fini par mourir » Nous explique un médecin dans un dispensaire situé
dans la commune de Ngiri-Ngiri, dans la ville de Kinshasa. Cette fille n’est
pas la seule à avoir périt à la suite de l’avortement car une étude faite par
un sociologue congolais a montré que 72 % des décès chez les adolescentes
étaient dus à des complications à la suite d’un avortement.
Que doit alors faire le
gouvernement congolais ? Pertinente question !
Eu égard à l’ampleur de ce
phénomène fou, le gouvernement congolais serait obligé de restreindre quelques
mesures prises pour réprimer cet acte. Notamment, le gouvernement doit autoriser
officiellement l’avortement afin que tous ces actes cessent et que si on veut avorter, qu’on le fasse sans aucune crainte dans des
hôpitaux qui peuvent assurer une bonne prise en charge médicale. Il faut
aussi renforcer la sensibilisation des
femmes et des jeunes filles sur l’utilisation des méthodes contraceptives, afin
d’éviter les grossesses indésirables.
Cleas Nlemvo
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